Quel est l’impact du surpoids sur l’incontinence?
Trop peu de personnes souffrant d’incontinence réalisent que le surpoids et l'obésité peuvent aggraver les symptômes. Une perte de poids, même modeste, s'avère souvent être une stratégie pertinente pour réduire, voire éliminer l'incontinence.
Surpoids, obésité, de quoi parle-t-on ?
Le surpoids et l’obésité sont définis comme une accumulation anormale ou excessive degraisse corporelle qui peut nuire à la santé. Pour déterminer si une personne est en surpoids ou obèse, on utilise couramment l’Indice de Masse Corporelle (IMC). L’IMC se calcule en divisant le poids (en kilogrammes) par le carré de la taille (en mètres). Différentes catégories de corpulence sont définies en fonction de l’IMC :
● Insuffisance pondérale : IMC < 18,5 kg/m²
● Corpulence normale : IMC entre 18,5 et 25 kg/m²
● Surpoids : IMC entre 25 et 30 kg/m²
● Obésité : IMC > 30 kg/m²
○ Obésité de classe 1 : IMC entre 30 et 35
○ Obésité de classe 2 : IMC entre 35 et 40
○ Obésité de classe 3 (obésité sévère) : IMC ≥ 40
Il est important de noter que l’IMC n’est qu’un indicateur et ne prend pas en compte la localisation des graisses, la musculature et l’ossature du patient. Un sportif de haut niveau peut avoir un IMC supérieur à 25 kg/m² sans pour autant être en surpoids. À l’inverse, un patient avec une ossature légère et une faible musculature peut être en surpoids bien que son IMC soit inférieur à 25 kg/m².
La prévalence du surpoids et de l'obésité est en constante augmentation dans le monde, posant un problème majeur de santé publique. Aux États-Unis, l'obésité affecte environ 160 millions d'Américains, soit plus de 40% de la population adulte. On estime que d'ici 2030, un milliard de personnes seront obèses dans le monde (source : https://aeroflowurology.com/blog/how-obesity-causes-urinary-incontinence).
Cette tendance à la hausse s'observe également en France. Une étude menée en 2020 par l'Inserm et le CHU de Montpellier révèle que 47% des adultes français sont en surpoids et 17% sont obèses (source : https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/surpoids-obesite-adulte/definition-causes-risques).
Cette augmentation de l'obésité est particulièrement marquée chez les jeunes adultes, avec une multiplication par 4 chez les 18-24 ans et par 3 chez les 25-34 ans entre 1997 et 2020.
La prévalence de l’incontinence est également en hausse du fait du vieillissement de la population. D’où l’intérêt de comprendre les liens qui existent entre ces deux phénomènes, et leurs conséquences potentielles pour votre santé et votre bien-être quotidien.
Quels liens entre poids et incontinence ?
Le lien entre surpoids, obésité et incontinence est complexe et multifactoriel. Voici un aperçu détaillé des mécanismes en jeu :
1. La pression intra-abdominale
La graisse abdominale, également appelée graisse viscérale, joue un rôle particulièrement important dans l'aggravation de l'incontinence urinaire chez les personnes en surpoids ou obèses. Voici pourquoi :
● Augmentation de la pression intra-abdominale : La graisse abdominale, située en profondeur autour des organes internes, exerce une pression supplémentaire sur la cavité abdominale. Cette pression accrue se répercute directement sur la vessie et les muscles du plancher pelvien, augmentant le risque de fuites urinaires, notamment lors d'efforts physiques comme la toux, l'éternuement ou le sport.
● Affaiblissement des muscles du périnée : La pression constante exercée par la graisse abdominale sur les muscles du plancher pelvien peut entraîner leur étirement chronique et leur affaiblissement. Un périnée affaibli est moins efficace pour soutenir la vessie et contrôler la miction, ce qui favorise l'incontinence.
● Mobilité accrue de l'urètre : La pression intra-abdominale élevée peut également augmenter la mobilité de l'urètre, rendant plus difficile la fermeture étanche du sphincter urétral.
La localisation de la graisse joue donc un rôle crucial dans le développement de l'incontinence. La graisse abdominale est un facteur aggravant plus important que la graisse accumulée dans d'autres parties du corps.
2. L'affaiblissement des muscles du plancher pelvien
La pression constante exercée par l'excès de poids sur les muscles du périnée peut entraîner leur étirement chronique et leur affaiblissement. Un périnée affaibli est moins efficace pour soutenir la vessie et l'urètre, ce qui augmente le risque d'incontinence.
3. Altérations métaboliques et hormonales
L'obésité est souvent associée à des altérations métaboliques telles que la résistance à l'insuline et l'inflammation chronique. Ces altérations peuvent affecter le fonctionnement de la vessie et des nerfs qui contrôlent la miction, contribuant ainsi à l'incontinence.
4. Le lien avec le diabète
L'obésité est un facteur de risque majeur pour le diabète de type 2. Le diabète peut, à son tour, endommager les nerfs qui contrôlent la vessie, entraînant une vessie hyperactive ou "paresseuse", ce qui peut provoquer une incontinence urinaire.
5. La mobilité de l'urètre
La pression intra-abdominale élevée, causée par l'obésité, peut augmenter la mobilité de l'urètre. Cela rend plus difficile la fermeture étanche du sphincter urétral, favorisant ainsi les fuites urinaires.
6. Autres facteurs
● Certains médicaments utilisés pour traiter les conditions associées à l'obésité, tels que les diurétiques, peuvent augmenter la production d'urine et aggraver l'incontinence.
● L'apnée du sommeil, souvent présente chez les personnes obèses, peut également contribuer à l'incontinence nocturne.
Il est important de souligner que la perte de poids, même modeste (5 à 10 % du poids corporel), peut entraîner une amélioration significative des symptômes d'incontinence. En réduisant la pression sur la vessie et le plancher pelvien, en améliorant la fonction métabolique et en diminuant l'inflammation, la perte de poids permet de renforcer le contrôle de la vessie et de diminuer les fuites urinaires.
Les solutions existantes
Pour les personnes en surpoids ou obèses qui souhaitent améliorer leurs symptômes d'incontinence urinaire, plusieurs solutions existent. La prise en charge de ce problème doit souvent être multifacette et adaptée à chaque individu. Voici les principales solutions à envisager :
1. La perte de poids
La perte de poids est souvent la solution la plus efficace pour réduire, voire éliminer, l’incontinence urinaire liée au surpoids ou à l'obésité. Même une perte de poids modeste, de l’ordre de 5 à 10% du poids corporel, peut entraîner une amélioration significative des symptômes. La réduction de la masse grasse, en particulier au niveau abdominal, diminue la pression exercée sur la vessie et le plancher pelvien, améliorant ainsi le contrôle urinaire.
Plusieurs méthodes peuvent être envisagées pour perdre du poids :
● Régime alimentaire : Adopter une alimentation saine et équilibrée, pauvre en calories et en graisses saturées, est essentiel pour perdre du poids. Un régime hypocalorique, éventuellement accompagné d'un suivi par un diététicien ou un nutritionniste, peut être recommandé.
● Activité physique : La pratique régulière d'une activité physique adaptée est indispensable pour la perte de poids et le renforcement musculaire. Il est important de choisir des activités qui ne sollicitent pas trop le périnée, comme la marche, la natation, le vélo ou le yoga.
● Chirurgie bariatrique : Dans certains cas d'obésité sévère, lorsque les autres
méthodes ont échoué, la chirurgie bariatrique peut être envisagée. Cette chirurgie permet de réduire la capacité de l'estomac et entraine une perte de poids importante, souvent accompagnée d'une amélioration significative de l'incontinence.
2. La rééducation périnéale
La rééducation périnéale est une technique qui vise à renforcer les muscles du plancher pelvien, permettant ainsi de mieux contrôler la vessie et de réduire les fuites urinaires. Elle est souvent recommandée en complément d'une perte de poids, pour optimiser les résultats.
Différentes méthodes de rééducation périnéale existent :
● Exercices de Kegel : Ce sont des exercices de contraction et de relâchement des muscles du périnée, qui peuvent être pratiqués à domicile.
● Biofeedback : Cette technique permet de visualiser l’activité des muscles du périnée et d’apprendre à les contracter correctement.
● Électrostimulation : Des impulsions électriques sont utilisées pour stimuler les
muscles du périnée et les renforcer.
● Rééducation manuelle : Un kinésithérapeute ou une sage-femme spécialisé en rééducation périnéale peut réaliser des massages et des manipulations pour tonifier les muscles du périnée.
La rééducation périnéale est généralement prescrite par un médecin et réalisée par un professionnel de santé qualifié.
3. Traitements médicaux et chirurgicaux
En plus de la perte de poids et de la rééducation périnéale, d'autres traitements peuvent être envisagés pour améliorer les symptômes d'incontinence :
● Médicaments : Certains médicaments peuvent aider à réduire l'activité de la vessie et à diminuer les fuites urinaires.
● Chirurgie : Dans certains cas, une intervention chirurgicale peut être nécessaire pour corriger un problème anatomique ou pour renforcer le soutien de la vessie. La pose de bandelettes sous l'urètre est une intervention courante pour traiter l'incontinence d'effort.
4. Protections urinaires
L'utilisation de protections urinaires, comme des serviettes hygiéniques, des protège-slips ou des changes complets, peut permettre de gérer les fuites urinaires et d'améliorer la qualité de vie des personnes concernées. Il est important de choisir des protections adaptées au niveau d'incontinence et à la morphologie de la personne. Pour répondre à la morphologie des personnes en surpoids ou obèses nous proposons une gamme de couches adultes grandes tailles (bariatriques).
5. Modifications du mode de vie
Certaines modifications du mode de vie peuvent également contribuer à améliorer les symptômes d'incontinence :
● Réduire la consommation de boissons irritantes pour la vessie comme le café, le thé, l'alcool et les sodas. Retrouvez d’ailleurs tous nos conseils nutritionnels pour améliorer l’incontinence ici.
● Éviter la constipation en consommant suffisamment de fibres et en buvant
beaucoup d'eau.
● Planifier des pauses régulières pour aller aux toilettes, afin de ne pas surcharger la vessie.
● Pratiquer des techniques de relaxation pour réduire le stress, qui peut aggraver l'incontinence.
En conclusion
La prise en charge de l'incontinence urinaire chez les personnes en surpoids ou obèses est un processus individualisé qui nécessite une collaboration entre le patient et les professionnels de santé. La perte de poids, la rééducation périnéale et les modifications du mode de vie sont les solutions les plus efficaces pour améliorer les symptômes et retrouver une vie sans fuites. N'hésitez pas à consulter un médecin pour obtenir un diagnostic précis et un plan de traitement adapté à votre situation.