Menu
Comment gérer aux mieux l'alitement à domicile ?
Imaginez-vous cloué au lit pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Que ce soit à cause d’une maladie, d’une grossesse à risque ou d’une convalescence après une opération, l’alitement peut sembler, au premier abord, une occasion de repos bienvenu. Pourtant, derrière cette pause forcée se cachent de nombreux défis, aussi bien physiques que psychologiques.
Comment éviter les effets secondaires d’une immobilité prolongée ? Quels gestes simples peuvent faire toute la différence pour votre bien-être ? Comment s’organiser au quotidien pour rendre cette période plus supportable, voire bénéfique ? Ce guide a été conçu pour répondre à toutes ces questions et vous accompagner dans cette étape avec des conseils pratiques, accessibles et fondés sur les recommandations médicales.
Que vous soyez directement concerné par l’alitement ou que vous souhaitiez aider un proche dans cette situation, ce guide vous apportera toutes les clés pour mieux comprendre, anticiper et gérer cette période avec sérénité. Car bien vivre l’alitement, c’est aussi favoriser une meilleure récupération et préserver sa qualité de vie. Alors, prêt à découvrir tout ce qu’il faut savoir pour transformer cette contrainte en une expérience plus positive ?
Définissons l’alitement
Selon le Dictionnaire de l'Académie française, l'alitement est défini comme “le fait de devoir s’aliter ; séjour au lit imposé par la maladie”. Il désigne le fait pour un patient de rester au lit en raison d'une maladie ou d'une condition médicale nécessitant du repos.
Il ne faut toutefois pas confondre l’alitement et le simple repos “actif", où l'on peut bouger sans restriction majeure. L’alitement est une immobilisation stricte, où la personne est tenue de rester au lit. Cette pratique est prescrite dans des situations médicales précises, pour limiter toute activité pouvant aggraver l'état du patient. Alors que le repos sans limitation d'activité permet une récupération tout en conservant la possibilité de bouger, réduisant ainsi les risques liés à l'immobilité.
Situations nécessitant un alitement
1. Coma ou altération sévère de la conscience : Les patients dans le coma ou présentant des troubles importants de la vigilance nécessitent un alitement strict pour assurer leur sécurité et permettre une surveillance médicale continue.
.
2. Déficits neurologiques majeurs : les affections neurologiques entraînant une perte de tonus musculaire ou un contrôle moteur insuffisant, comme les accidents vasculaires cérébraux sévères ou les lésions médullaires aiguës, peuvent nécessiter un alitement pour stabiliser l'état du patient.
.
3. Décompensation cardiaque ou respiratoire aiguë : Lors d'une insuffisance cardiaque ou respiratoire sévère, le repos au lit peut être indispensable pour réduire la charge sur le cœur et les poumons, facilitant ainsi la récupération.
4. État de choc : Les patients en état de choc, qu'il soit hypovolémique, septique ou cardiogénique, requièrent souvent un alitement pour stabiliser leurs fonctions vitales et permettre une prise en charge médicale appropriée.
5. Grossesse à risque avec menace d'accouchement prématuré : Dans certains cas de grossesse compliquée, notamment en présence de contractions précoces ou de modifications cervicales avant le terme, un alitement peut être prescrit pour prolonger la gestation et protéger la santé du fœtus.
6. Suites de certaines interventions chirurgicales : Après des opérations majeures, en particulier celles impliquant la colonne vertébrale ou les membres inférieurs, un alitement temporaire peut être recommandé pour assurer une cicatrisation adéquate et prévenir des complications.
La mobilisation précoce est généralement encouragée dès que l'état clinique du patient le permet. En effet, l'alitement prolongé peut entraîner des complications.
Risques potentiels de l’alitement
Voici les principaux risques associés :
1. Complications thromboemboliques :
● Thrombose veineuse profonde (phlébite) : L'immobilité favorise la stase sanguine dans les membres inférieurs, augmentant le risque de formation de caillots.
● Embolie pulmonaire : Un caillot formé dans les veines peut migrer vers les poumons, obstruant une artère pulmonaire, ce qui peut être potentiellement fatal.
2. Complications cutanées :
● Escarres (ulcères de pression) : La pression continue sur certaines zones du corps réduit la circulation sanguine locale, entraînant la nécrose des tissus. Les zones les plus à risque incluent le sacrum, les talons et les hanches.
3. Complications musculosquelettiques :
● Atrophie musculaire : L'absence de mouvement conduit à une diminution de la masse et de la force musculaires.
● Raideur articulaire et rétractions : Le manque de mobilisation peut provoquer des contractures, limitant l'amplitude des mouvements.
● Ostéoporose : La réduction des contraintes mécaniques sur les os favorise leur déminéralisation, augmentant le risque de fractures.
4. Complications cardiovasculaires :
● Hypotension orthostatique : La position allongée prolongée peut altérer la régulation de la pression artérielle, entraînant des étourdissements lors du passage en position debout.
● Désadaptation cardiaque : La diminution de l'activité physique réduit la capacité cardiaque à répondre aux efforts, entraînant une baisse de l'endurance.
5. Complications respiratoires :
● Infections pulmonaires : L'alitement peut entraîner une accumulation de sécrétions bronchiques, favorisant les infections telles que les pneumonies.
● Embolie pulmonaire : Un caillot sanguin formé dans les veines des membres inférieurs peut migrer vers les poumons, obstruant une artère pulmonaire.
6. Complications digestives :
● Constipation : La diminution de l'activité physique ralentit le transit intestinal, conduisant à des difficultés d'évacuation.
7. Complications urinaires :
● Infections urinaires : La position allongée peut entraîner une vidange incomplète de la vessie, favorisant la prolifération bactérienne.
● Lithiase urinaire : L'immobilisation prolongée peut augmenter le risque de formation de calculs rénaux.
8. Complications neurologiques et psychologiques :
● Compression nerveuse : Une position prolongée peut entraîner des lésions nerveuses par compression, provoquant des douleurs ou des engourdissements.
● Dépression et anxiété : L'isolement et la perte d'autonomie liés à l'alitement peuvent affecter le moral et la santé mentale.
Il est essentiel de mettre en place des mesures préventives adaptées pour minimiser ces risques et favoriser une récupération optimale.
Après ces quelques explications, venons-en au cœur de ce guide : que faire pour vivre au mieux un alitement et se simplifier la vie lors de cette période d’immobilité forcée ?
Gérer au mieux une période d’alitement
1. Aménager un environnement confortable et sécurisant
● Créez un espace agréable : Veillez à ce que la chambre ou l’espace d’alitement soit bien ventilé, lumineux et propre. Un cadre calme et ordonné peut grandement contribuer au bien-être.
● Matériel adapté : Utilisez un lit confortable et, si nécessaire, des matelas et coussins spécialisés (par exemple, des matelas anti-escarres) pour limiter la pression sur certaines parties du corps.
● Selon les recommandations du médecin, il ne sera pas forcément possible de se déplacer pour aller aux toilettes. Dans cette situation, il faut prévoir l’utilisation de dispositifs médicaux tels que des bassins de lit ou des urinoirs. Il existe aussi des sacs de protection, qui s’ajoutent en complément du bassin de lit. Également des alèses de lit peuvent également remplir la même fonction, étant très absorbantes elles permettent de protéger la literie.
● Accessibilité : Organisez l’espace de manière à avoir tout à portée de main (téléphone, livres, télécommande, médicaments) pour éviter des déplacements inutiles.
2. Prévenir les complications physiques
● Changements de position réguliers : Pour prévenir les escarres et favoriser la circulation sanguine, il est essentiel de modifier la position du corps toutes les deux heures, dans la mesure du possible. Il existe des coussins de positionnement qui sont des outils précieux pour modifier la posture et limiter les escarres pour les personnes alités. Ces coussins s’ils sont prescrits peuvent être pris en charge.
● Exercices doux : Sous l’avis médical, réalisez des exercices légers ou de la mobilisation passive (par exemple, des mouvements des bras et des jambes) pour prévenir l’atrophie musculaire et maintenir une circulation optimale.
● Hydratation et alimentation équilibrée : Une bonne hydratation et une alimentation riche en nutriments contribuent à la guérison, renforcent le système immunitaire et aident à maintenir l’énergie.
.
3. Maintenir une hygiène de vie rigoureuse
● Soins du corps : Respectez une routine d’hygiène quotidienne pour prévenir les infections cutanées et autres complications liées à l’immobilité. En commençant par la literie. Les soignants demandent un changement quotidien des draps. Pour vous simplifier la vie et ne pas devoir lancer des lessives tous les jours, pensez à utiliser des kits jetables, que ce soit pour la literie ou pour les soins du corps.
● Suivi médical : Respectez les rendez-vous médicaux et n’hésitez pas à demander conseil en cas de douleur, de rougeurs ou de signes inhabituels. Un suivi régulier permet d’ajuster le traitement et les soins préventifs.
4. Prendre soin du bien-être psychologique
● Créer une routine quotidienne : Établir un planning structuré aide à donner un rythme aux journées et à limiter l’ennui. Alternez entre repos, activités calmes (lecture, musique, séries) et, lorsque c’est possible, de légers exercices.
● Rester connecté : Même alité, il est important de garder le contact avec le monde extérieur. Utilisez le téléphone, les réseaux sociaux ou la visioconférence pour échanger avec vos proches et briser l’isolement.
● Soutien psychologique : En cas de baisse de moral ou d’anxiété, envisager un soutien psychologique, que ce soit par la thérapie ou des groupes de soutien, peut s’avérer très bénéfique.
5. Implication et soutien des proches
● Accompagnement au quotidien : Les proches jouent un rôle crucial. Ils peuvent aider à organiser l’environnement, encourager les petites mobilisations et veiller au respect des recommandations médicales.
● Être à l’écoute : Offrez un soutien émotionnel et restez attentifs aux signes de découragement ou de détresse. Un dialogue ouvert et régulier aide à mieux comprendre et gérer les besoins de la personne alitée.
● Coordination avec les professionnels de santé : Collaborez étroitement avec les équipes médicales pour adapter les soins et les interventions aux évolutions de l’état de santé, afin d’optimiser la récupération.
En suivant ces conseils, il est possible de transformer l'alitement, souvent perçu comme une contrainte, en une phase de soins et de rétablissement où la prévention des complication et le bien-être global restent au cœur des préoccupations.
A savoir qu'en France, il existe un système d'hospitalisation à domicile également appelé HAD qui permet aux patients ne nécessitant pas de soins réguliers d'être hospitalisé à la maison. Des services de soins (aides soignantes et infirmières) sont programmés et pris en charge pour venir à votre domicile telle une hospitalisation classique. Pour en savoir plus n'hésitez pas à lire notre article à ce sujet.
Publié dans:
Mobilité