Vieillir chez soi : dispositifs et constats
Vieillir chez Soi : Les Défis et les Solutions pour les Personnes Âgées Dépendantes
Dans un contexte où la population vieillit rapidement, il est essentiel de repenser et d'adapter les dispositifs existants pour répondre aux besoins croissants de cette population vulnérable. Faisons le point sur les dispositifs actuels et futurs pour le maintien à domicile.
Évolution démographique et défis
L'évolution démographique prévoit que 28,7 % de la population sera âgée de plus de 65 ans d'ici 2070, représentant environ 21,9 millions de personnes. Cette augmentation significative pose de nombreux défis, notamment l'accroissement du nombre de personnes âgées dépendantes, l'insuffisance des moyens actuels pour les prendre en charge, et la crise actuelle du système de santé. Les acteurs de la santé sont particulièrement inquiets, car cette crise pourrait durer encore une décennie, exacerbant les problèmes existants.
Le maintien à domicile des personnes âgées est souvent possible, mais il comporte des limites majeures, telles que les troubles psychocomportementaux et l'isolement social. La personne âgée, son entourage et les partenaires professionnels doivent donc s’allier pour élaborer un projet de vie positif. Les infirmières coordinatrices jouent un rôle clé en évaluant la capacité de prise en charge à domicile, en collaboration avec les médecins généralistes, les kinésithérapeutes, les infirmiers libéraux et les services d'aide à domicile.
Dispositifs actuels de maintien à domicile
Les dispositifs financiers incluent l'Allocation Personnalisée d'Autonomie (APA) et la Prestation de Compensation du Handicap (PCH). Les dispositifs de soins comprennent l'hospitalisation à domicile, les services de soins infirmiers à domicile et les services d'aide à domicile. La réforme des services autonomie à domicile,engagée en juillet 2023, prévoit une porte d'entrée unique pour les personnes dépendantes, avec un coordinateur de parcours pour orienter les patients vers l'accompagnement ou les soins à domicile.
Filière de soins gérontologique
La filière gérontologique implique une coopération entre les différents dispositifs de la filière, tels que les séquences d'hospitalisation et les EHPAD. L'objectif est de mettre en place une dynamique territoriale, incluant des coopérations formalisées, des projets de formation conjoints et des rencontres régulières. Cette approche vise à améliorer la coordination et la qualité des soins pour les personnes âgées dépendantes.
SSIAD et coordination des soins
Les missions des SSIAD incluent la limitation de la dépendance, l'intervention en post-opératoire et l'accompagnement des personnes dépendantes. La coordination avec les médecins généralistes et autres professionnels de santé est essentielle pour assurer une prise en charge efficace. Les infirmières coordinatrices évaluent la capacité de prise en charge à domicile et orientent les patients vers les dispositifs appropriés, tels que l'hospitalisation à domicile ou les services d'aide à domicile.
Mais faut-il maintenir les gens à domicile à tout prix ?
De nombreux facteurs plaident en faveur du maintien à domicile, à commencer par les souhaits de la plupart des personnes concernées. Les personnes âgées dépendantes sont souvent réticentes à quitter leur domicile. Le départ du domicile peut parfois entraîner un syndrome de glissement et de désorientations temporo-spatiales. Mais pour autant, cette option n’est pas systématiquement le meilleur choix.
Obstacles au maintien à domicile
Les principaux obstacles au maintien à domicile incluent les troubles neuropsychiques et le manque de professionnels de santé, tels que les infirmières libérales et les médecins généralistes. L'évolution sociologique de la relation au travail des professionnels de santé est également un défi majeur. La crise actuelle du système de santé est exacerbée par des problèmes de recrutement et de management, ainsi que par une défiance croissante des professionnels de santé envers les structures de soins traditionnelles.
Des solutions existent pour attirer et fidéliser les professionnels de santé, telles que des parcours de formation et des évolutions de carrière. Mentionnons également l'importance de la qualité de vie au travail, incluant des outils pour améliorer le bien-être des employés et des véhicules pour faciliter leurs déplacements. Ces initiatives visent à rendre les métiers de la santé plus attractifs et à répondre aux besoins croissants de la population âgée.
Freins à la coordination
Les problèmes de coordination entre les professionnels de santé sont souvent liés à des cultures professionnelles différentes et à une reconnaissance insuffisante des compétences interprofessionnelles. Les dispositifs d'appui à la coordination (DAC) peuvent jouer un rôle clé en fournissant des informations et des orientations aux médecins généralistes et autres professionnels de santé. Cependant, le manque de places en SSIAD reste un obstacle majeur, limitant l'accès aux soins pour de nombreuses personnes âgées dépendantes.
Réforme des services autonomie à domicile
La réforme des services autonomie à domicile prévoit une porte d'entrée unique pour les personnes dépendantes, avec un coordinateur de parcours pour orienter les patients vers l'accompagnement ou les soins à domicile. Cette réforme vise à éclaircir l'offre de service en ville et à améliorer la coordination entre les différents acteurs de la santé. Cependant, certains professionnels de santé expriment des réserves quant à l'efficacité de cette réforme, soulignant que les cultures professionnelles et les problèmes de coordination restent des obstacles majeurs.
Orientation des médecins généralistes
Les dispositifs d'appui à la coordination (DAC) servent de point d'entrée pour l'information et l'orientation des médecins généralistes. Ces dispositifs sont connus et utilisés par les structures hospitalières, les cliniques, les EHPAD et les dispositifs de ville. Les DAC peuvent également apporter un appui en termes d'information et d'orientation, permettant aux médecins généralistes de mieux coordonner les soins pour leurs patients âgés dépendants.
Proches aidants
Les proches aidants jouent un rôle crucial en tant que premiers soignants relationnels et techniques. La reconnaissance et le soutien aux proches aidants sont essentiels pour améliorer la qualité de vie des personnes âgées dépendantes. Ils revendiquent à juste titre d'être considérés et jugés dignes de participer au dialogue et au partage d'information avec les professionnels de santé. Il est primordial de ne pas considérer les proches aidants comme des soignants domestiques, mais comme des partenaires essentiels dans la prise en charge des personnes âgées dépendantes.
Technologie et télémédecine
La télémédecine et les objets connectés sont des outils importants pour améliorer la prise en charge à domicile des personnes âgées dépendantes. La télémédecine permet d'éviter les allers-retours inutiles et de maintenir les patients à domicile autant que possible. Les objets connectés, tels que les balances connectées et les prises de tension, permettent une surveillance à distance et une meilleure coordination des soins. Les dossiers partagés entre professionnels de santé font par ailleurs beaucoup pour améliorer la communication et la coordination des soins.
Pour finir, soulignons l'importance de réhumaniser les approches pour les personnes âgées et les professionnels de santé. Il est indispensable de proposer des métiers où l'humanité est prise en compte pour attirer et fidéliser les professionnels de santé. La prévention et l'accompagnement sont également à remettre au coeur des dispositifs pour améliorer la qualité de vie des personnes âgées dépendantes.